FIN
La forme de chaque objet, artificiel ou naturel, est porteuse de sens et de symboles. Ils nous permettent d’associer de l’information à ce que nous voyons afin de mieux appréhender notre environnement.

A travers l’histoire du design, le sens que porte la forme des objets a subi des changements. Entre la fin du 19eme siècle et début du 20eme siècle, la forme était un moyen d’exprimer la fonction des objets. A partir des années 60, le design critique a émergé avec les radicaux italiens : Superstudio, Archizoom etc. La fonction élémentaire de l’objet est alors passée au second plan au profit de la capacité critique de la forme.

En revanche, dans la société de surconsommation, l’objectif du sens que porte la forme des objets (plus précisément des produits) est souvent réduit à une simple incitation à la consommation. La forme n’exprime ni la fonction de l’objet ni de critique. Elle ne crée qu’une sensation de nouveauté et un simulacre de performance afin de séduire les consommateurs à acheter le produit.

Pour moi, le créateur industriel c’est celui qui dessine, littéralement, la forme des objets. Il est créateur de l’image des objets - il imagine des objets, les retranscrit sur du papier afin que cet objet puisse exister sous une forme. Comme c’est lui qui donne forme aux objets, c’est également lui qui décide du sens et du symbole à communiquer aux usagers. A travers le projet de diplôme, je souhaite questionner cette notion de symbole de la forme, au delà d’une image superficielle.

Pour traiter ce questionnement, je m’intéresse à la notion de l’ornement. Selon la définition courante, l’ornement est la partie accessoire d'une composition, qui la rehausse, l'enjolive, mais pourrait être soustraite sans porter atteinte au sujet principal. En revanche de mon point de vue, la fonction de l’ornement se trouve sur le plan symbolique, émotif et informatif. Il pourrait apporter un sens critique à l’utilisateur. De plus, l’absence de fonction, au premier sens du terme, me permettrait d’explorer le symbolisme de la forme sans devoir justifier son utilité.

J’envisage deux axes de réflexion autour de ce sujet :

1. Le paradoxe du polymère. L’apparition du plastique injecté dans les années 60 a révolutionné la production industrielle. Il a permis de reproduire uniformément des formes complexes à une grande échelle en diminuant les contraintes de fabrication. Les créateurs industriels avaient alors une plus grande liberté formelle, ils pouvaient créer des objets de formes plus complexe. Cependant, la peur de l’ornement était toujours présente dans la discipline. L’esthétique des objets en plastique, sauf quelques exceptions, a hérité des idées modernistes, c’est-à-dire la forme épurée et lisse. Je songe à explorer l’esthétique des objets en polymère dans ce premier axe de travail.

2. Les objets cachés. Pour ce deuxième axe de réflexion, je m’intéresse aux objets qui se camouflent. Certains objets comme le radiateur ou les interrupteurs imposent leur présence dans l’espace. En revanche, le dessin de ces objets est souvent épuré, destiné à se dissimuler dans son environnement. J’envisage de réfléchir la manière dont ce type d’objet pourrait s’intégrer différemment dans l’espace.
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LE NON-LIEU